CONCEPTION D'UN MIROIR A RETOURNEMENT TEMPOREL
(stage M2R au LSEET Toulon-Var)

"Soutenance M2R": Rapport Présentation
"JS09 URSI-France" : Article Présentation



        Ce stage s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche dont l'objectif consiste à mettre au point un prototype de capteurs micro-onde [2-4] GHz, destiné à détecter et caractériser une anomalie immergée dans un environnement inhomogène. Le système sera composé d'un réseau d'antennes émettant des signaux très large bande et fonctionnant en configuration multistatique (chaque antenne peut émettre et recevoir). L'alimentation de chaque antenne devra être contrôlée en amplitude et en phase afin d'assurer une grande agilité en termes de pointage du faisceau. En effet, l'aspect novateur du système réside dans ce que l'émetteur devra s'auto-configurer afin de focaliser son rayonnement sur le point brillant détecté lors de la précédente émission.

        Cette approche, fondée sur les propriétés des miroirs à retournement temporel, ne requiert aucune connaissance préalable sur l'anomalie. Elle est déjà appliquée en Acoustique ultrasonore pour des problèmes de contrôle non destructif et d'imagerie médicale. La technologie pour les micro-ondes en électromagnétisme n'a évidemment rien à voir, et le projet est destiné à évaluer le potentiel du retournement temporel appliqué à des signaux très large bande.


Outre la compréhension théorique nécessaire, le stage comporte beaucoup d'aspects techniques. Le travail s'articulera principalement autour des points suivants :


Historique :

        Ce travail de recherche se place dans le contexte des études sur les nouveaux concepts de radars agiles, l'agilité se traduisant ici par une grande versatilité en termes de front d'onde émis par le système. D'un point de vue technique, l'objectif consiste à mettre au point un prototype destiné prioritairement à détecter et caractériser une anomalie immergée dans un environnement inhomogène. Le terme anomalie désigne ici une distribution de permittivité a priori non prévue par la statistique des fluctuations de permittivité de l'environnement.
        L'aspect novateur du système réside dans le fait que l'émetteur devra s'auto-configurer afin de focaliser son rayonnement sur le point brillant détecté lors de la précédente émission, ceci afin d'optimiser le rapport signal à bruit en « évacuant » la signature du fouillis. Un tel système, appelé miroir à retournement temporel, ne requiert aucune connaissance préalable sur l'anomalie. Cette approche est déjà appliquée en Acoustique ultrasonore pour des problèmes de contrôle non destructif et d'imagerie médicale (travaux du Laboratoire Ondes et Acoustique de l'ESPCI – LOA http://www.loa.espci.fr/cnd_website/index_CND_fr.html). La technologie pour les micro-ondes en électromagnétisme est évidemment très différente. A ce jour, deux voies ont été explorées. D'une part, le concept de miroir à conjugaison de phase, qui possède aussi cette capacité à retourner l'onde incidente sur la source, a été transposé de l'Optique aux micro-ondes. Ceci est réalisé grâce à des circuits électroniques qui reproduisent le comportement des matériaux non-linéaires utilisés en Optique. Ces miroirs sont optimisés pour une fréquence donnée et ne traitent que des signaux quasi-monochromatiques. D'autre part, le LOA a, pour des applications en télécommunications, développé un miroir à retournement temporel travaillant sur des signaux à faible largeur de bande autour de 2,45GHz (http://www.loa.espci.fr/electromag/index_groupe_electromag_fr.html).


Notre projet :

Par rapport à l'existant, notre objectif est double : développer un système multistatique (dit MIMO en télécommunications) compatible avec des signaux ultra-large bande (ULB, ?f/fc > 0.25) et capable, grâce à l'application de la méthode de Décomposition de l'Opérateur de Retournement Temporel (DORT) de focaliser sélectivement sur l'un ou l'autre des points brillants de la scène dès la première itération du processus, et pas nécessairement sur le plus brillant. Des études expérimentales, menées sur des cibles simples, d'abord avec un seul cornet large bande dans la chambre anéchoïque à l'Institut Fresnel à Marseille, puis avec le radar SIMIS à huit antennes ULB du Laboratoire d'Electronique Antennes et Télécommunications (LEAT), ont permis de synthétiser numériquement le retournement à partir des données enregistrées, validant par là même le concept.

Principe de fonctionnement :

        La Figure 1 représente une expérience réalisée en acoustique. Un champ de tiges (diffuseurs) est placé entre une antenne primaire en émission et un réseau d'antennes en réception. L'antenne primaire envoie une impulsion temporelle, en direction des diffuseurs, le réseau capte le champ diffracté issu de l'interaction onde-matière résultante. Une carte de ce champ est ensuite simulée numériquement sous MATLAB.


Figure 1 : Principe du miroir à retournement temporel

Ensuite, deux possibilités se présentent :
        Comme précisé précédemment, nous souhaitons réaliser, en pratique, le dépointage du faisceau de réémission. Pour ce faire, nous avons notre réseau pilotable. Néanmoins, la pratique est plus complexe que la théorie. Afin d'être précis dans le pointage de ce faisceau, le laboratoire a opté pour une impulsion synthétique. Notre système enverra des ondes monochromatiques. La reconstitution du signal temporel est ensuite possible par transformée de Fourier. Ceci permet d'avoir une grande liberté sur la résolution fréquentielle, la bande passante et le nombre de points d'acquisition. Ce principe est aussi appelé radar à saut de fréquence.


Réalisation du miroir à conjugaison de phase :

        Notre miroir à conjugaison de phase peut être scindé en trois parties (cf figure 2). Une partie « HAUTES FREQUENCES » constituée d'un analyseur de réseau, d'un réseau d'antennes pilotables en amplitude et en phase avec le couple atténuateur-déphaseur permettant le dépointage du faisceau émis. Ensuite, la partie « Circuits d'interface » comportant toute électronique centralisée autour d'un microcontrôleur afin de piloter la partie « HF ». Notre système est centralisé autour de MATLAB afin de réaliser du traitement du signal sur les données acquises et de gérer les contrôles à distance de l'analyseur de réseau et des circuits d'interface.




Figure 2 : Architecture générale


        Ce prototype sera limité par le temps d'acquisition de l'analyseur de réseau, restreignant, à ce stade, l'utilisation du radar à des environnements quasi-statiques. Aussi, la partie technique devra être optimisée, lors du travail de thèse. Il mènera à la réalisation d'un système totalement autonome, possédant ses propres générateurs et démodulateurs, afin d'optimiser la durée du cycle réception-retournement. Cette optimisation passera aussi par l'implantation au sein du système des algorithmes de traitement des données. Cela permettra de préciser le champ d'application dans des milieux mobiles tels que la mer.


Photos de notre prototype radar :



Figure 3 : Plan de travail HF avec l’analyseur de réseau, le radar , ses antennes et sa partie commande (électronique)


Figure 4 : Zoom sur la partie HF et commande


Figure 5 : Partie HF


Figure 6 : Electronique en amont


Laboratoire de Sondages Electromagnétiques de l'environnement Terrestre (LSEET-LEPI)
Université de Toulon et du Var
83957 LA GARDE CEDEX (France)
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